Publié le 16 mai 2024

Bâtir une « pension maison » avec des dividendes va bien au-delà de simplement « acheter des actions de banques ». C’est un véritable projet entrepreneurial qui exige une gestion active.

  • Le véritable levier de performance n’est pas la chasse au plus haut rendement, mais une fiscalité active et une évaluation disciplinée de chaque « actif » de votre portefeuille.
  • Savoir quand vendre est aussi crucial que savoir quand acheter, en se basant sur des signaux clairs plutôt que sur l’attachement émotionnel à une compagnie.

Recommandation : Adoptez une posture de « PDG de portefeuille » : pilotez vos finances avec un tableau de bord unifié et prenez des décisions basées sur des données, pas sur des émotions.

L’idée de percevoir un revenu régulier grâce aux dividendes d’entreprises solides comme les grandes banques et les géants des télécommunications canadiens est séduisante. Beaucoup y voient la voie royale vers une « pension maison », un complément de retraite autofinancé qui offre tranquillité d’esprit et liberté financière. La plupart des conseils s’arrêtent souvent à une liste de titres à acheter et à conserver indéfiniment. Cette approche passive, bien que simple, néglige un aspect fondamental : un portefeuille de dividendes performant ne se collectionne pas, il se gère.

Pour véritablement construire une source de revenus fiable et croissante, il faut changer de perspective. Oubliez l’image de l’épargnant passif et endossez celle du PDG de votre propre entreprise financière. Chaque action est un actif productif, chaque dividende est un flux de trésorerie, et chaque décision d’achat ou de vente est une décision d’affaires stratégique. Cette mentalité entrepreneuriale est la clé pour naviguer les subtilités de la fiscalité, évaluer correctement les occasions et éviter les pièges émotionnels qui sabotent le rendement à long terme.

Mais si la véritable clé n’était pas seulement de savoir *quoi* acheter, mais de maîtriser *comment* piloter l’ensemble ? Cet article vous guidera à travers les décisions cruciales que tout « PDG de portefeuille » doit prendre. Nous aborderons la structure fiscale avantageuse des dividendes, les méthodes pour évaluer si une action est une aubaine, la discipline nécessaire pour vendre au bon moment et les outils pour gérer l’ensemble de votre patrimoine comme un chef d’entreprise avisé. Préparez-vous à transformer votre portefeuille en une véritable machine à revenus.

Pour vous aider à naviguer dans cette approche entrepreneuriale de l’investissement, nous avons structuré ce guide autour des décisions clés que vous aurez à prendre. Le sommaire ci-dessous vous donne un aperçu des compétences que vous allez développer.

Dividende déterminé : pourquoi 1000 $ de dividendes sont-ils moins imposés que 1000 $ de salaire ?

La première décision stratégique d’un PDG de portefeuille est de comprendre et d’optimiser la fiscalité. Au Canada, et particulièrement au Québec, tous les revenus ne sont pas égaux devant l’impôt. Un dollar gagné en salaire est imposé différemment d’un dollar reçu en dividende d’une société canadienne. C’est le cœur du mécanisme du crédit d’impôt pour dividendes. Ce système vise à éviter une double imposition : l’entreprise a déjà payé de l’impôt sur ses bénéfices avant de vous verser une partie sous forme de dividende. Le crédit d’impôt vient donc compenser cette taxe déjà payée à la source.

Concrètement, lorsque vous recevez un « dividende déterminé » (versé par une grande société publique), votre revenu est d’abord « majoré » pour le calcul de l’impôt, puis un crédit substantiel est appliqué pour réduire le montant final à payer. Le résultat est un taux d’imposition effectif nettement plus bas que celui appliqué à un revenu de travail. Pour l’investisseur, cela signifie que chaque dollar de dividende reçu a un pouvoir d’achat net supérieur à un dollar de salaire. C’est un avantage considérable pour quiconque cherche à bâtir un revenu passif efficace, car il maximise l’argent qui reste réellement dans vos poches.

Cette structure fiscale avantageuse est une pierre angulaire de la stratégie de « pension maison ». Elle incite à détenir des actions d’entreprises canadiennes profitables et transforme votre portefeuille en un outil d’enrichissement fiscalement optimisé. Pour un propriétaire d’entreprise qui hésite entre se verser un salaire ou des dividendes, cette différence est encore plus cruciale, car elle influence directement la rentabilité de sa structure. Selon une analyse de la Banque Nationale, la meilleure stratégie dépendra souvent des besoins de liquidités et des événements de vie, le salaire permettant de cotiser au REER tandis que les dividendes peuvent être fiscalement avantageux pour des besoins plus faibles.

Le tableau suivant illustre clairement la différence d’impact fiscal pour un revenu donné en Ontario, un principe qui s’applique de manière similaire au Québec.

Comparaison fiscale : 100 000 $ en salaire vs. dividendes déterminés
Type de revenu Impôt moyen (Ontario) Taux effectif
Salaire 100 000 $ 21 182 $ 21.2%
Dividendes 100 000 $ 12 534 $ 12.5%

Ratio Cours/Bénéfice (P/E) : comment savoir si une action est une aubaine ou un piège à valeur ?

Une fois l’avantage fiscal compris, le PDG de portefeuille doit maîtriser l’art de l’acquisition. Acheter une excellente entreprise à un prix trop élevé peut anéantir des années de dividendes. L’un des outils les plus connus pour évaluer le prix d’une action est le ratio Cours/Bénéfice (C/B), ou P/E en anglais (Price/Earnings). Il indique combien d’années de bénéfices actuels il faudrait pour « rembourser » le prix de l’action. Un P/E de 15 signifie que les investisseurs paient 15 $ pour chaque dollar de bénéfice annuel de l’entreprise.

Un P/E faible peut signaler une aubaine : une entreprise solide mais temporairement sous-évaluée par le marché. Cependant, il peut aussi cacher un « piège à valeur » : une entreprise dont les perspectives de croissance sont faibles ou en déclin, justifiant ainsi son bas prix. À l’inverse, un P/E élevé n’est pas forcément un mauvais signe. Il peut refléter la confiance des investisseurs dans la croissance future des bénéfices de l’entreprise. La clé n’est donc pas de chercher aveuglément le P/E le plus bas, mais de le mettre en contexte. Il faut comparer le P/E actuel d’une action à sa propre moyenne historique et à celle de ses concurrents directs du même secteur.

Pour les banques canadiennes, par exemple, le P/E est un indicateur très suivi. Il permet de voir si le secteur dans son ensemble est perçu comme cher ou bon marché par rapport à son histoire. Les banques canadiennes se négocient à 11,9 fois les bénéfices attendus pour 2027, un chiffre qui doit être analysé à la lumière des taux d’intérêt et des prévisions économiques. En tant que gestionnaire de votre portefeuille, l’analyse du P/E est un exercice de jugement : est-ce que le prix que vous payez aujourd’hui est justifié par les bénéfices futurs probables ?

Vue macro d'un graphique financier montrant les ratios P/E des banques canadiennes

Cette analyse, loin d’être un simple calcul, est une évaluation stratégique de la valeur. Pour un PDG de portefeuille, payer le juste prix est une discipline de contrôle des coûts d’acquisition qui conditionne la rentabilité future de l’investissement.

Votre plan d’action : évaluer une banque canadienne au-delà du P/E

  1. Vérifier le ratio CET1 (capital de catégorie 1) : Assurez-vous qu’il se situe dans la fourchette de 12,8% à 13,5% maintenue par les grandes banques canadiennes, un signe de solidité financière.
  2. Analyser le ratio Cours/Valeur Comptable Tangible (P/TBV) : Cet indicateur exclut les actifs immatériels comme le « goodwill » et donne une meilleure idée de la valeur liquidative de la banque.
  3. Examiner la Marge Nette d’Intérêt (MNI) : Surveillez cette mesure pour évaluer la profitabilité des activités de prêt de la banque, surtout en période de fluctuation des taux.
  4. Surveiller les provisions pour pertes sur prêts : Une augmentation rapide de ces provisions peut signaler des difficultés économiques à venir et un risque accru pour les bénéfices.
  5. Comparer le P/E actuel à la moyenne historique sur 10 ans : Évaluez si la valorisation actuelle est une anomalie ou si elle s’inscrit dans une tendance à long terme pour le secteur.

Actions technologiques ou industrielles : quel secteur privilégier en période de hausse de taux ?

Un bon PDG ne gère pas seulement ses actifs au niveau micro, il doit aussi comprendre le contexte macroéconomique. L’environnement des taux d’intérêt, dicté par des institutions comme la Banque du Canada, a un impact profond et différencié sur les secteurs de l’économie. Une période de hausse des taux d’intérêt, conçue pour freiner l’inflation, n’affecte pas de la même manière une entreprise technologique axée sur la croissance et une entreprise industrielle ou financière mature.

Les entreprises technologiques, dont la valeur repose souvent sur des bénéfices futurs lointains, sont particulièrement sensibles à la hausse des taux. Leurs flux de trésorerie futurs sont « escomptés » à un taux plus élevé, ce qui réduit leur valeur actuelle et peut faire chuter leur cours boursier. À l’inverse, des secteurs plus traditionnels comme les banques peuvent en fait bénéficier d’une hausse des taux. Elles peuvent augmenter la marge nette d’intérêt (la différence entre les intérêts perçus sur les prêts et les intérêts versés sur les dépôts), ce qui gonfle leur profitabilité. Les entreprises de télécommunications, avec leurs flux de revenus stables et leurs dividendes réguliers, sont souvent perçues comme des valeurs défensives, moins volatiles dans ce type d’environnement.

En tant que gestionnaire de votre « pension maison », il est donc crucial d’adapter votre allocation d’actifs. En période de hausse de taux, privilégier des secteurs comme les banques, les assurances et les télécommunications peut apporter stabilité et revenus croissants. Cela ne signifie pas d’abandonner toute exposition à la technologie, mais plutôt de comprendre que la surperformance de ce secteur est souvent liée à un environnement de taux bas. Selon l’analyste Mike Rizvanovic de la Banque Scotia, les perspectives sont d’ailleurs encourageantes pour les banques :

Les perspectives encourageantes pour les banques s’expliquent par des provisions pour créances douteuses stables et la baisse des taux d’intérêt de la Banque du Canada à 2,25% depuis octobre 2024.

– Mike Rizvanovic, Note d’analyse de la Banque Scotia

Cette anticipation d’une future baisse des taux, après un cycle de hausse, renforce l’attrait des titres bancaires qui ont pu améliorer leurs marges et qui bénéficieraient ensuite d’un coût du capital plus faible. La décision n’est pas de deviner le futur, mais de positionner son portefeuille pour qu’il soit résilient aux cycles économiques prévisibles.

L’erreur de tomber amoureux d’une compagnie et de refuser de vendre quand les fondamentaux changent

L’un des plus grands risques pour un investisseur, même le plus aguerri, est le biais d’attachement émotionnel. Après avoir détenu une action pendant des années, perçu ses dividendes et célébré ses succès, il est facile de « tomber amoureux » de la compagnie. Cet attachement peut nous aveugler lorsque les signaux d’alarme apparaissent et que les raisons fondamentales qui justifiaient l’investissement initial se sont détériorées. Un PDG de portefeuille ne peut se permettre ce genre de sentimentalisme. Sa loyauté va à la santé globale de son portefeuille, pas à un titre en particulier.

Personne contemplative regardant par la fenêtre avec vue sur Montréal

Refuser de vendre une action en déclin par espoir d’un rebond ou par fidélité est une erreur coûteuse. La discipline de vente est aussi importante, sinon plus, que la discipline d’achat. Pour cela, il est essentiel d’établir en amont des critères de vente clairs et non négociables. Ces critères doivent être basés sur des faits et des chiffres, agissant comme un « bilan de santé fondamental » régulier pour chaque actif de votre portefeuille. Si un titre ne répond plus à ces critères, la décision de vendre doit être prise, même si elle est difficile.

Quels sont ces signaux d’alarme pour un investisseur en dividendes canadien ? Ils peuvent être multiples et doivent être surveillés activement :

  • Un ratio de distribution qui dépasse 80% ou 90% pendant plusieurs trimestres, indiquant que l’entreprise peine à couvrir son dividende avec ses bénéfices.
  • Une perte de parts de marché face à des concurrents plus agiles, comme la pression exercée par Vidéotron sur des joueurs établis comme Bell ou Rogers au Québec.
  • Des changements réglementaires défavorables de la part d’organismes comme le CRTC pour les télécoms ou le BSIF pour les banques.
  • Une détérioration du ratio de capital CET1 pour une banque, tombant sous le seuil réglementaire et signalant une fragilité financière.
  • Une baisse des revenus ou des bénéfices sur plusieurs trimestres consécutifs, indiquant que le modèle d’affaires est sous pression.

En définissant ces « lignes rouges » avant que l’émotion ne prenne le dessus, le PDG de portefeuille s’assure de prendre des décisions rationnelles pour protéger son capital et la pérennité de ses revenus.

Quand utiliser un ordre « limite » plutôt qu’un ordre « au marché » pour ne pas payer trop cher ?

La discipline d’un PDG se manifeste aussi dans l’exécution des décisions. Une fois que vous avez décidé d’acheter une action, la manière dont vous passez votre ordre peut avoir un impact significatif sur votre coût d’acquisition. Il existe principalement deux types d’ordres : l’ordre « au marché » et l’ordre « limite ». Un ordre « au marché » s’exécute immédiatement au meilleur prix disponible. C’est rapide et garantit l’achat, mais vous n’avez aucun contrôle sur le prix final, qui peut être plus élevé que prévu, surtout pour des titres volatils.

À l’inverse, un ordre « limite » vous permet de fixer le prix maximum que vous êtes prêt à payer. Votre ordre ne s’exécutera que si le cours de l’action atteint ce prix ou un prix inférieur. C’est une approche beaucoup plus disciplinée, qui correspond parfaitement à la mentalité du PDG de portefeuille cherchant à contrôler ses coûts. En utilisant un ordre limite, vous vous protégez contre les fluctuations soudaines du marché et vous vous assurez de ne pas surpayer dans un moment d’euphorie ou de forte volatilité. Le risque est que votre ordre ne soit jamais exécuté si le prix de l’action ne baisse pas jusqu’à votre limite, mais c’est souvent un risque qui vaut la peine d’être pris pour éviter un mauvais point d’entrée.

L’utilisation d’un ordre limite est particulièrement judicieuse lors de journées de forte volatilité, comme la publication des résultats trimestriels, ou lorsque vous visez un point d’entrée précis basé sur votre analyse fondamentale. C’est une déclaration de votre part : « Je connais la valeur de cet actif et je ne suis pas prêt à payer plus que ce prix ».

Étude de cas : l’achat discipliné d’actions Enbridge

Imaginons un investisseur qui souhaite acheter 100 actions d’Enbridge (ENB), un aristocrate du dividende canadien, le jour de la publication de ses résultats. La volatilité est élevée à l’ouverture des marchés. En plaçant un ordre « au marché » à 9h30, l’ordre pourrait s’exécuter avec une « prime de volatilité » de 2% à 3% au-dessus du cours de clôture de la veille. En revanche, un PDG de portefeuille discipliné placerait un ordre limite 2% en dessous du cours de la veille. Cet ordre pourrait alors capturer une baisse temporaire durant la journée, permettant d’économiser potentiellement entre 100 $ et 150 $ sur la transaction totale. C’est une optimisation simple qui, répétée sur des dizaines de transactions, génère une valeur considérable.

Salaire ou dividendes : comment se verser 50 000 $ en payant le moins d’impôt possible ?

Pour l’investisseur qui est aussi propriétaire de sa propre entreprise incorporée, la casquette de « PDG de portefeuille » prend tout son sens. La question de la rémunération devient centrale : est-il plus efficace de se verser un salaire ou des dividendes pour retirer 50 000 $ nets de sa société ? La réponse n’est pas simple et dépend de nombreux facteurs personnels, mais la compréhension des mécanismes fiscaux est la première étape. Comme nous l’avons vu, les dividendes bénéficient d’un traitement fiscal favorable. Cependant, un salaire permet de générer des droits de cotisation à un REER et de cotiser au Régime de rentes du Québec (RRQ), ce qui n’est pas le cas des dividendes.

La stratégie optimale est souvent une combinaison des deux. Une approche courante consiste à se verser un salaire suffisant pour maximiser ses cotisations REER et atteindre d’autres objectifs personnels, puis de compléter ses besoins en liquidités avec des dividendes, profitant ainsi de leur fiscalité plus douce. Au Québec, la planification fiscale peut être poussée encore plus loin. Il existe un seuil de revenus de dividendes qui peut être retiré avec un impact fiscal très faible, voire nul au niveau fédéral.

Par exemple, il est possible de recevoir un montant significatif en dividendes sans payer d’impôt fédéral. Selon les tables d’imposition de CPA Québec, un particulier pourrait recevoir jusqu’à 34 313 $ de dividendes non déterminés sans payer d’impôt fédéral en 2025, avec un impôt provincial limité. Ce chiffre illustre la puissance de la planification. Pour atteindre un objectif de 50 000 $ nets, un entrepreneur pourrait donc structurer sa rémunération en combinant un petit salaire stratégique et une part importante de dividendes pour minimiser la charge fiscale globale. C’est un exercice d’ingénierie financière que tout bon PDG doit maîtriser pour maximiser le rendement net de son entreprise.

Pourquoi changer de palier d’imposition ne réduit jamais votre revenu net global ?

Une crainte fréquente chez les investisseurs qui commencent à générer des revenus significatifs est de « sauter un palier d’imposition ». L’idée fausse est que si un dollar supplémentaire vous fait passer dans une tranche d’imposition supérieure, l’ensemble de votre revenu sera taxé à ce nouveau taux plus élevé, ce qui pourrait réduire votre revenu net. Il est crucial de comprendre que ce n’est jamais le cas. Le système fiscal canadien est progressif, ce qui signifie que seuls les revenus situés *à l’intérieur* de ce nouveau palier sont taxés au taux plus élevé. Tous les revenus gagnés avant ce seuil restent imposés aux taux inférieurs des paliers précédents.

Gagner plus d’argent se traduira toujours par un revenu net après impôt plus élevé. La seule chose qui change est que le taux d’imposition sur votre *dernier dollar gagné* (le taux marginal) augmente. Pour l’investisseur en dividendes, ce mécanisme est amplifié par le crédit d’impôt. Comme l’explique un document du ministère des Finances du Québec, même si le revenu de dividendes est majoré pour le calcul, le crédit d’impôt qui s’applique ensuite compense largement cet effet, assurant que le revenu net reste positif et avantageux.

Plutôt que de craindre les paliers d’imposition, un PDG de portefeuille avisé cherche à les gérer. L’objectif n’est pas d’éviter de gagner plus, mais de structurer ses revenus pour que chaque dollar soit imposé le plus efficacement possible. Cela passe par des stratégies concrètes :

  • Répartir les revenus de dividendes entre conjoints pour profiter des paliers d’imposition inférieurs de chacun, une stratégie connue sous le nom de fractionnement de revenu.
  • Surveiller le seuil de récupération de la Pension de la Sécurité de la Vieillesse (PSV), qui était de 79 845 $ en 2024. Au-delà de ce revenu, une partie de la pension doit être remboursée.
  • Utiliser le CELI (Compte d’épargne libre d’impôt) pour détenir des actions à dividendes, car les revenus générés y sont totalement à l’abri de l’impôt et n’affectent pas les paliers.
  • Planifier les ventes d’actions générant un gain en capital sur plusieurs années fiscales pour éviter une forte augmentation du revenu en une seule année.

En comprenant que le système est progressif, la peur de « changer de palier » se transforme en un défi d’optimisation stratégique.

À retenir

  • L’investissement en dividendes n’est pas passif ; il requiert une gestion active similaire à celle d’une entreprise pour être véritablement performant.
  • La fiscalité canadienne, via le crédit d’impôt pour dividendes, offre un avantage structurel majeur qui doit être au cœur de votre stratégie de revenu.
  • La discipline est la clé : savoir évaluer un prix (P/E), définir des critères de vente clairs et utiliser les bons types d’ordres (limite) sont des compétences non négociables.

Tableau de bord financier : comment regrouper tous vos comptes (Banque, REER, Crypto) en une seule vue fiable ?

Aucun PDG ne peut piloter son entreprise à l’aveugle. Pour prendre des décisions éclairées, il a besoin d’un tableau de bord fiable qui consolide toutes les informations pertinentes en un seul endroit. Il en va de même pour le PDG de portefeuille. Gérer une « pension maison » répartie sur plusieurs comptes – un compte bancaire, un CELI, un REER chez un courtier, peut-être même des cryptomonnaies sur une plateforme d’échange – devient rapidement un casse-tête. Suivre la performance globale, l’allocation d’actifs et les revenus de dividendes nécessite de jongler avec de multiples interfaces et feuilles de calcul, une méthode propice aux erreurs et à la perte de temps.

La solution réside dans l’utilisation d’un agrégateur de comptes financiers. Ces plateformes se connectent de manière sécurisée à toutes vos institutions financières (banques, courtiers, plateformes de crypto) et centralisent vos données pour vous offrir une vue à 360 degrés de votre patrimoine. Au Canada, des services comme Wealthica se sont spécialisés dans cet exercice, se connectant à plus de 250 institutions. Ils permettent non seulement de voir la valeur totale de vos actifs en temps réel, mais aussi de suivre l’historique de leur évolution, d’analyser vos revenus de dividendes et de vérifier votre allocation sectorielle et géographique. C’est l’équivalent du rapport financier trimestriel pour votre entreprise personnelle.

L’adoption d’un tel outil transforme radicalement la gestion de votre portefeuille. Les décisions ne sont plus basées sur des impressions ou des calculs approximatifs, mais sur une vision complète et à jour de votre situation. Cela vous permet de repérer rapidement les déséquilibres, de suivre vos progrès vers vos objectifs de revenus et de passer moins de temps à collecter des données et plus de temps à les analyser, comme le ferait un véritable dirigeant.

Le marché canadien offre plusieurs options d’agrégateurs, chacune avec ses particularités. Le tableau suivant compare quelques acteurs clés pour vous aider à choisir l’outil de pilotage le plus adapté à votre « entreprise ». Cette analyse est basée sur une comparaison des solutions fintech disponibles pour les investisseurs canadiens.

Comparaison des agrégateurs financiers canadiens
Plateforme Institutions supportées Particularités
Wealthica 250+ institutions Seul agrégateur 100% intégré verticalement au Canada
Hardbacon 140+ institutions Comparateurs de produits, intégré chez Desjardins
Vezgo (Wealthica) 450+ sources Inclut crypto et actifs Web3

Pour que votre gestion soit efficace, vous devez disposer des bons outils. Il est crucial de comprendre comment intégrer un tableau de bord financier dans votre routine de gestion.

En adoptant cette posture de PDG, vous transformez un simple portefeuille d’actions en un système de génération de revenus structuré, optimisé et résilient. L’étape suivante consiste à mettre en place ce tableau de bord et à commencer à prendre des décisions basées sur une vue d’ensemble complète de vos finances.

Questions fréquentes sur l’investissement en dividendes au Québec

Quelle durée choisir pour un ordre limite sur une action à dividende canadienne?

Pour les actions stables comme les banques, un ordre ‘valide jusqu’à annulation’ (généralement 90 jours maximum chez la plupart des courtiers) permet de profiter des baisses de cours temporaires sans avoir à surveiller le marché quotidiennement.

Comment placer un ordre limite pour acheter après la date ex-dividende?

Si vous achetez une action à sa date ex-dividende ou après, vous ne recevrez pas le prochain dividende qui a été déclaré. En contrepartie, le prix de l’action baisse généralement d’un montant équivalent au dividende ce jour-là. Un ordre limite placé sous ce nouveau cours peut donc être une stratégie pour acquérir le titre à un prix ajusté.

Quel écart de prix utiliser pour un ordre limite sur les banques canadiennes?

Un écart de 1% à 2% sous le cours actuel est généralement considéré comme raisonnable pour les grandes banques canadiennes, qui sont moins volatiles. Pour des titres de télécommunications ou d’autres secteurs pouvant connaître plus de fluctuations, un écart de 2% à 3% peut être plus approprié pour augmenter les chances d’exécution.

Rédigé par Patrick Nguyen, Planificateur financier (Pl. Fin.) diplômé de l'IQPF et gestionnaire de portefeuille axé sur l'investissement passif et la retraite. Expert en allocation d'actifs, REER, CELI et décaissement efficace.