
La sur-concentration de votre portefeuille sur le Canada n’est pas une fatalité, mais un biais actif qui sabote votre diversification, même quand vous pensez l’améliorer.
- L’indice TSX est structurellement déséquilibré vers la finance et l’énergie, vous privant de la croissance mondiale dans des secteurs comme la technologie.
- Les vieilles règles, comme la protection offerte par les obligations, ne fonctionnent plus systématiquement dans un contexte de forte inflation et de hausse des taux.
- Acheter plusieurs fonds communs ne garantit pas la diversification ; vous risquez de détenir plusieurs fois les mêmes actions sans le savoir.
Recommandation : Adoptez une approche globale systématique en utilisant des FNB d’allocation d’actifs (« tout-en-un ») ou en auditant rigoureusement les chevauchements de vos placements pour bâtir une résilience véritable.
Ce sentiment est familier pour tout investisseur canadien : un coup d’œil à son portefeuille révèle une dépendance écrasante aux grandes banques et aux géants de l’énergie. Cette concentration, souvent plus subie que choisie, est le résultat d’un réflexe naturel : le biais local. On investit dans ce que l’on connaît, dans les entreprises qui façonnent notre quotidien. Pendant des décennies, cette stratégie a pu sembler prudente, voire payante. Mais les secousses de 2022 ont exposé sa fragilité, lorsque les actions et les obligations ont chuté de concert, laissant peu de refuges aux portefeuilles mal diversifiés.
Face à ce constat, les conseils habituels fusent : « Achetez des actions américaines », « Ajoutez des obligations internationales », « Pensez à l’or ». Ces recommandations, bien que logiques en surface, ne s’attaquent pas à la racine du problème. Elles proposent souvent d’ajouter des couches de complexité sans déconstruire le mal initial. Et si le véritable enjeu n’était pas le manque d’actifs étrangers, mais la persistance insidieuse du biais local dans votre propre processus de décision, vous amenant à créer une illusion de diversification ?
Cet article n’est pas une simple liste d’alternatives au TSX. C’est une déconstruction stratégique de ce biais local. Nous allons analyser pourquoi les anciennes certitudes ne tiennent plus, comment identifier la « fausse diversification » qui se cache probablement dans votre portefeuille, et quelles sont les approches concrètes pour bâtir une architecture de placement véritablement mondiale, résiliente et efficace. L’objectif n’est pas de renier le Canada, mais de le remettre à sa juste place : une pièce importante, mais minoritaire, d’un puzzle global.
Pour vous guider dans cette démarche stratégique, cet article est structuré pour répondre aux questions essentielles que se pose tout investisseur cherchant à s’affranchir de la dépendance au marché canadien. Découvrez notre feuille de route pour une diversification intelligente.
Sommaire : Déconstruire le biais local et bâtir un portefeuille global
- Pourquoi vos obligations ont-elles baissé en même temps que vos actions en 2022 ?
- Immobilier ou Or : quel actif ajouter pour protéger votre capital contre l’inflation ?
- Gestion active ou indicielle : quelle approche diversifie le mieux à moindre coût ?
- L’erreur d’acheter 5 fonds mutuels différents qui investissent tous dans les mêmes actions américaines
- Quand vendre vos gagnants pour racheter vos perdants sans tomber dans le timing de marché ?
- Actions technologiques ou industrielles : quel secteur privilégier en période de hausse de taux ?
- S&P 500 vs Portefeuille équilibré : pourquoi est-il injuste de comparer vos placements diversifiés à la bourse américaine ?
- FNB tout-en-un (Asset Allocation ETFs) : comment gérer vos millions avec un seul produit boursier ?
Pourquoi vos obligations ont-elles baissé en même temps que vos actions en 2022 ?
L’année 2022 a brisé une règle d’or de l’investissement : lorsque les actions chutent, les obligations montent et amortissent le choc. Pour de nombreux investisseurs canadiens, la surprise a été brutale. Le portefeuille équilibré classique « 60/40 » a souffert sur ses deux piliers simultanément. Cet événement n’était pas une anomalie, mais la conséquence logique d’un environnement économique particulier : une inflation galopante suivie d’une hausse rapide et agressive des taux d’intérêt par les banques centrales.
La mécanique est simple : le prix des obligations évolue de manière inverse aux taux d’intérêt. Quand la Banque du Canada a relevé son taux directeur pour combattre l’inflation, les nouvelles obligations émises offraient de meilleurs rendements. Par conséquent, les obligations plus anciennes, avec leurs coupons plus faibles, ont perdu de leur valeur sur le marché secondaire. C’est pourquoi le rendement de nombreux FNB de titres à revenu fixe a été négatif. Simultanément, la hausse des taux a freiné l’économie, pesant sur les bénéfices des entreprises et faisant chuter le marché boursier. La corrélation négative historique entre actions et obligations s’est temporairement inversée.
Cet épisode a servi de leçon cruciale : la diversification ne peut reposer sur des certitudes immuables. Elle doit s’adapter aux régimes économiques. La remontée des taux, si douloureuse à court terme, a cependant redonné un nouveau souffle au secteur obligataire en créant des opportunités à long terme avec des rendements de départ bien plus attractifs. Les investisseurs semblent l’avoir compris, comme en témoignent les 24 milliards de dollars de créations nettes en 2024 dans les FNB de titres à revenu fixe canadiens. Mais la diversification doit aller au-delà de cette seule classe d’actifs.
Comprendre ce phénomène est essentiel pour ne plus subir passivement les cycles de marché, mais pour construire un portefeuille dont les différentes composantes peuvent réellement jouer leur rôle d’amortisseur, même dans des contextes économiques inédits.
Immobilier ou Or : quel actif ajouter pour protéger votre capital contre l’inflation ?
Face à l’érosion du pouvoir d’achat causée par l’inflation, de nombreux investisseurs se tournent vers les actifs réels, ou « tangibles ». Parmi eux, l’immobilier et l’or sont les deux candidats les plus populaires. Ils partagent la réputation de conserver leur valeur lorsque la monnaie se déprécie, mais leurs caractéristiques et leur rôle dans un portefeuille sont fondamentalement différents. Choisir entre les deux n’est pas une question de préférence, mais de stratégie.
L’or est souvent perçu comme la valeur refuge ultime. Il ne génère aucun revenu, ne verse aucun dividende et son prix est principalement mû par la peur économique et la demande spéculative. Son principal atout est sa décorrélation avec les marchés financiers traditionnels. En période de crise, il tend à bien performer. Cependant, il peut aussi stagner pendant de longues années. Pour un investisseur canadien, l’accès est simple via des FNB comme le iShares Gold Bullion ETF (CGL), qui peut être détenu dans un CÉLI pour optimiser la fiscalité.

L’immobilier, de son côté, est à la fois un actif de croissance et de revenu. Les loyers peuvent être ajustés à l’inflation, offrant une protection directe. L’accès pour un investisseur moyen se fait souvent via des Fonds de Placement Immobilier (FPI, ou REITs en anglais). Ces derniers permettent d’investir dans un portefeuille diversifié d’immeubles (commerciaux, résidentiels, industriels) et sont obligés de distribuer la majorité de leurs revenus aux porteurs de parts, générant ainsi un flux de trésorerie régulier. Le principal inconvénient est leur sensibilité aux taux d’intérêt, qui affectent le coût de leur dette et la valorisation des propriétés.
Feuille de route pour intégrer l’or et l’immobilier
- Évaluer l’allocation actuelle : Déterminez le pourcentage de votre portefeuille déjà exposé aux actifs réels. Cela inclut votre résidence principale, mais aussi toute participation dans des FPI ou des FNB liés aux matières premières.
- Choisir le véhicule d’investissement : Pour l’or, privilégiez un FNB comme CGL avec ses frais de 0,55 % dans un CÉLI pour une efficacité fiscale maximale. Pour l’immobilier, sélectionnez des FPI diversifiés sectoriellement et géographiquement.
- Équilibrer liquidité et rendement : Allouez un maximum de 5 à 10 % de votre portefeuille à l’or (qui ne produit pas de revenus) et de 10 à 20 % aux FPI pour bénéficier de leurs distributions régulières tout en gérant le risque de liquidité.
En somme, l’or est une assurance contre les cygnes noirs, tandis que l’immobilier est un moteur de rendement ajusté à l’inflation. Une combinaison prudente des deux peut offrir une protection robuste sans sacrifier la génération de revenus.
Gestion active ou indicielle : quelle approche diversifie le mieux à moindre coût ?
Le débat entre gestion active (essayer de battre le marché) et gestion indicielle (répliquer le marché) est au cœur de la stratégie d’investissement. Pour un investisseur canadien cherchant une diversification efficace, la réponse est de plus en plus claire et étayée par les chiffres. La gestion active, souvent vendue par les grandes institutions financières, promet une expertise capable de sélectionner les « gagnants » et d’éviter les « perdants ». Malheureusement, la réalité est tout autre.
Les données sont sans appel. Selon le rapport SPIVA Canada, une référence en la matière, les résultats sur le long terme montrent une sous-performance chronique des gestionnaires actifs. Par exemple, une étude récente a révélé que plus de 88,7 % des fonds d’actions canadiennes n’ont pas réussi à battre leur indice de référence. Le principal coupable ? Les frais de gestion élevés (RFG), qui rongent la performance année après année.
L’impact de ces frais est colossal sur le long terme. Un FNB indiciel facture souvent moins de 0,25 %, alors qu’un fonds commun de placement actif peut facilement dépasser les 2 %. Cette différence semble minime, mais elle représente des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars de rendement en moins sur une carrière d’investisseur.
| Type de gestion | Frais moyens (RFG) | Impact sur 100k $ (20 ans) |
|---|---|---|
| Fonds commun actif bancaire | 2,0 % – 2,5 % | -40 000 $ à -50 000 $ |
| FNB d’allocation d’actifs | 0,20 % – 0,25 % | -4 000 $ à -5 000 $ |
| FNB indiciel simple | 0,05 % – 0,12 % | -1 000 $ à -2 400 $ |
La conclusion des experts est souvent cinglante, comme le résume Joseph Nelesen, spécialiste de la stratégie d’investissement indiciel chez S&P :
Mathématiquement, les gestionnaires auraient eu plus de succès en pigeant des actions au hasard qu’en faisant les paris actifs qu’ils ont faits en 2024.
– Joseph Nelesen, S&P’s head of specialists of index investment strategy
Pour l’investisseur qui cherche une diversification globale et à faible coût, l’approche indicielle via des FNB (Fonds Négociés en Bourse) est non seulement plus performante dans la grande majorité des cas, mais elle offre aussi une transparence totale sur les actifs détenus, un avantage crucial pour éviter le piège de la fausse diversification.
L’erreur d’acheter 5 fonds mutuels différents qui investissent tous dans les mêmes actions américaines
C’est l’un des pièges les plus courants du biais local : un investisseur, conscient de sa sur-exposition au Canada, décide de se « diversifier » à l’international. Il se rend à sa banque et se voit proposer plusieurs fonds communs de placement : un « Fonds d’actions américaines », un « Fonds Global », un « Fonds de croissance technologique ». Persuadé d’avoir bien réparti son risque, il détient en réalité un portefeuille redondant, où les mêmes géants technologiques américains (les « Magnificent 7 ») sont présents dans chaque fonds, créant une concentration sectorielle cachée.
Cette « fausse diversification » est un problème majeur. Non seulement elle n’apporte pas la protection attendue, mais elle multiplie les couches de frais de gestion pour, au final, détenir les mêmes titres. Il n’est pas rare de voir des portefeuilles où 40 à 60 % de l’allocation « internationale » est en fait concentrée dans une poignée d’actions comme Apple, Microsoft ou Amazon. L’investisseur pense avoir acheté une salade de fruits diversifiée, mais il se retrouve avec un bol contenant 80 % de pommes, coupées de différentes manières.
Cette complexité inutile ne sert que l’institution qui vend les produits. Pour l’investisseur, le résultat est un portefeuille moins performant, plus cher et dont le risque réel est mal compris. L’antidote est la transparence radicale. Il est impératif de regarder sous le capot de chaque produit financier pour comprendre ce qu’il contient vraiment. Heureusement, des outils existent pour le faire simplement.
Checklist d’audit : Débusquez le chevauchement dans votre portefeuille
- Analyser les positions communes : Utilisez un outil en ligne gratuit comme Morningstar X-Ray. Entrez les symboles de vos fonds et il vous montrera le pourcentage de chevauchement entre eux.
- Comparer les 10 principales positions : Pour chaque fonds, consultez sa fiche descriptive et listez ses 10 plus grandes détentions. Ces dernières représentent souvent une part massive du portefeuille. Vous verrez rapidement les noms qui reviennent.
- Vérifier la répartition sectorielle : Ne vous fiez pas au nom du fonds (« Global », « Croissance »). Regardez sa répartition sectorielle en pourcentage. Si plusieurs fonds ont plus de 25 % en « Technologie de l’information », il y a un problème de concentration.
- Calculer l’exposition aux « Magnificent 7 » : Additionnez le pourcentage total de votre portefeuille investi dans les géants américains (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Tesla, Meta). Si ce chiffre dépasse 20-25 %, votre diversification est probablement une illusion.
- Simplifier et consolider : Sur la base de cette analyse, envisagez de vendre les fonds redondants et de les consolider en un ou deux FNB indiciels larges et véritablement mondiaux, comme un FNB MSCI All-Country World Index (ACWI).
En effectuant cet exercice, vous passerez d’une complexité coûteuse à une simplicité efficace, jetant ainsi les bases d’une diversification authentique et contrôlée.
Quand vendre vos gagnants pour racheter vos perdants sans tomber dans le timing de marché ?
Cette question est au cœur de la discipline d’investissement et oppose deux approches : le « timing de marché » et le « rééquilibrage de portefeuille ». Le premier est une tentative, presque toujours vouée à l’échec, de prédire les sommets et les creux du marché. Le second est une stratégie systématique et non émotionnelle visant à maintenir une allocation d’actifs cible, et c’est la seule approche viable à long terme.
Le piège du timing de marché est psychologique. Quand une classe d’actifs, comme les actions technologiques, connaît une hausse spectaculaire, notre instinct nous pousse à en vouloir toujours plus. Nous laissons nos « gagnants » prendre une place démesurée dans notre portefeuille, augmentant notre risque sans nous en rendre compte. Inversement, quand une classe d’actifs baisse, la peur nous incite à la vendre au pire moment. Le rééquilibrage force à faire exactement l’inverse : vendre une partie de ce qui a bien performé pour racheter ce qui a sous-performé.

L’idée est de ramener votre portefeuille à son allocation stratégique initiale, par exemple 60 % en actions et 40 % en obligations. Si les actions ont une excellente année et représentent désormais 70 % de votre portefeuille, le rééquilibrage vous oblige à vendre 10 % d’actions pour racheter des obligations. Vous vendez donc « haut » et achetez « bas », de manière mécanique et disciplinée, sans essayer de deviner l’avenir. C’est un mécanisme de contrôle du risque avant tout, mais qui peut aussi améliorer la performance sur le long terme en vous forçant à cristalliser des gains.
Il existe deux méthodes principales de rééquilibrage :
- Le rééquilibrage calendaire : Vous vérifiez et ajustez votre portefeuille à intervalles fixes, par exemple une fois par an, à la même date. C’est la méthode la plus simple à mettre en place.
- Le rééquilibrage par seuils : Vous intervenez uniquement lorsqu’une classe d’actifs dévie de son poids cible de plus d’un certain pourcentage, par exemple 5 %. Si vos actions (cible 60 %) atteignent 65 %, vous rééquilibrez. Cette méthode est plus réactive mais demande un suivi plus régulier.
Quelle que soit la méthode choisie, le principe reste le même : c’est votre plan qui doit dicter vos actions, et non les émotions générées par les manchettes financières du jour.
Actions technologiques ou industrielles : quel secteur privilégier en période de hausse de taux ?
La question de la rotation sectorielle en fonction du cycle économique est un sujet de prédilection pour les gestionnaires actifs. La théorie veut qu’en période de hausse des taux, les secteurs sensibles à la croissance et valorisés sur leurs profits futurs, comme la technologie, souffrent davantage. À l’inverse, les secteurs plus traditionnels et générateurs de flux de trésorerie stables, comme les industries ou les services publics, devraient mieux résister. Mais pour l’investisseur canadien, le problème est plus structurel : il n’a tout simplement pas une exposition suffisante à ces dynamiques mondiales.
Le marché boursier canadien, représenté par l’indice S&P/TSX, est extrêmement concentré. La finance et l’énergie représentent à elles seules près de la moitié de l’indice. La technologie, moteur de la croissance mondiale des dix dernières années, y est dramatiquement sous-représentée. Cette concentration prive les investisseurs canadiens non seulement de la performance de secteurs clés, mais aussi des bénéfices de la diversification sectorielle.
La comparaison avec l’indice américain S&P 500 est frappante et met en lumière ce coût d’opportunité structurel.
| Secteur | Poids TSX | Poids S&P 500 |
|---|---|---|
| Finance | 31% | 13% |
| Énergie | 18% | 4% |
| Matériaux | 11% | 2% |
| Technologie | 6% | 28% |
Plutôt que de se demander s’il faut privilégier les actions technologiques ou industrielles, la véritable question pour un investisseur canadien est : « Comment puis-je simplement avoir une exposition significative à ces deux secteurs ? ». Tenter de faire une rotation sectorielle active dans un portefeuille déjà biaisé est une erreur. La première étape est de construire une base de portefeuille qui reflète l’économie mondiale, pas seulement celle du Canada. Certains FNB spécialisés peuvent offrir des performances spectaculaires, comme le rendement de 54,48 % pour le FNB Innovation Dividend rapporté en 2024, illustrant le potentiel manqué par une trop grande concentration locale.
L’objectif n’est pas de deviner quel secteur surperformera, mais de s’assurer d’être investi dans tous les secteurs pertinents à l’échelle planétaire pour ne plus dépendre des cycles des matières premières et de la finance canadienne.
S&P 500 vs Portefeuille équilibré : pourquoi est-il injuste de comparer vos placements diversifiés à la bourse américaine ?
C’est une source de frustration commune pour de nombreux investisseurs : regarder la performance insolente de l’indice S&P 500 et constater que son propre portefeuille « équilibré » ou « prudent » est loin derrière. Cette comparaison, bien que tentante, est fondamentalement injuste et mène à de mauvaises décisions. Comparer un portefeuille diversifié mondialement, incluant des obligations, de l’immobilier et des actions internationales, à un indice composé à 100 % des plus grandes actions d’un seul pays est une erreur de catégorie.
L’objectif d’un portefeuille diversifié n’est pas de battre le S&P 500 chaque année. Son but est d’offrir un rendement ajusté au risque supérieur sur le long terme, en lissant la volatilité et en protégeant le capital durant les phases de baisse. Le S&P 500, bien que performant, est extrêmement concentré sur quelques géants de la technologie et représente une prise de risque maximale. Votre portefeuille équilibré, lui, est conçu pour être un véhicule tout-terrain, pas une voiture de Formule 1.
De plus, se concentrer uniquement sur le S&P 500 renforce le biais local à une autre échelle. Bien que ce soit mieux que le TSX, cela reste un pari sur une seule économie. Comme le rappelle TD Direct Investing, la diversification va au-delà d’un seul pays, aussi puissant soit-il.
Le marché canadien se distingue des marchés de bien d’autres pays par une concentration élevée d’actions dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Le Canada représente également moins de 5 % de l’univers mondial des placements.
– TD Direct Investing, Stratégies de diversification de portefeuille
Cette citation met en perspective la taille réelle du Canada sur l’échiquier financier mondial. Se limiter au Canada, c’est ignorer 95 % des opportunités. De même, se limiter aux États-Unis, c’est encore en ignorer une part significative, notamment la croissance des marchés émergents et la stabilité de certaines économies européennes. Le véritable indice de référence pour un portefeuille globalement diversifié devrait être un indice mondial comme le MSCI ACWI (All-Country World Index), et non un indice national.
Arrêtez de mesurer votre portefeuille à l’aune du S&P 500. Évaluez-le plutôt sur sa capacité à atteindre vos objectifs financiers personnels, avec un niveau de volatilité que vous êtes capable de tolérer. C’est la seule mesure qui compte.
À retenir
- Le biais local n’est pas une simple préférence, c’est un risque actif qui concentre votre portefeuille dans des secteurs cycliques et vous prive de la croissance mondiale.
- La vraie diversification ne vient pas de l’accumulation de produits, mais de l’analyse des chevauchements et de la consolidation dans des véhicules indiciels larges et à faible coût.
- Une stratégie de rééquilibrage systématique est le seul moyen de contrôler le risque et de capitaliser sur la volatilité, contrairement au « timing de marché » qui est guidé par l’émotion.
FNB tout-en-un (Asset Allocation ETFs) : comment gérer vos millions avec un seul produit boursier ?
Pour l’investisseur qui souhaite s’affranchir de la dépendance au TSX et obtenir une diversification mondiale instantanée sans la complexité de gérer des dizaines de titres, une solution a émergé et révolutionné la gestion de portefeuille : les FNB d’allocation d’actifs, aussi appelés « FNB tout-en-un ». Ces produits sont, pour beaucoup, la réponse la plus élégante au problème du biais local et de la fausse diversification.
Le concept est simple : un seul FNB détient un portefeuille complet et mondialement diversifié d’actions et d’obligations, dans des proportions fixes correspondant à un profil de risque donné (prudent, équilibré, croissance, etc.). Par exemple, un FNB « 80/20 » détiendra 80 % d’actions mondiales et 20 % d’obligations mondiales. Mieux encore, le gestionnaire du FNB se charge du rééquilibrage automatiquement. Vous n’avez plus à vous soucier de vendre vos gagnants ou de racheter vos perdants ; tout est fait pour vous, à l’intérieur du produit, pour des frais de gestion extrêmement bas (souvent autour de 0,20 %).
La popularité de ces produits au Canada est fulgurante, car ils résolvent plusieurs problèmes d’un coup. Ils offrent une exposition instantanée à des milliers de titres américains, européens, asiatiques et des marchés émergents, réduisant le poids du Canada à sa juste proportion mondiale. Un rapport récent de Valeurs Mobilières TD indique que ces FNB ont attiré plus de 10,9 milliards de dollars en nouveaux actifs en 2024, preuve de leur adoption massive par les investisseurs canadiens.
Les principaux fournisseurs canadiens, comme Vanguard et iShares (BlackRock), offrent une gamme complète de ces produits, permettant à chaque investisseur de trouver l’allocation qui lui convient.
| FNB | Fournisseur | Allocation type | RFG |
|---|---|---|---|
| VEQT | Vanguard | 100% actions | 0.24% |
| VGRO | Vanguard | 80/20 actions/obligations | 0.24% |
| XEQT | iShares | 100% actions | 0.20% |
| XGRO | iShares | 80/20 actions/obligations | 0.20% |
Pour un portefeuille de quelques milliers ou même de plusieurs millions de dollars, un seul de ces FNB peut constituer une solution complète, robuste et à très faible coût. C’est la démonstration que la bonne stratégie d’investissement est souvent la plus simple, à condition qu’elle soit bâtie sur les bons principes de diversification globale.