
La hausse des taux est une opportunité, pas un casse-tête, pour le retraité québécois prudent cherchant à sécuriser ses revenus.
- L’échelle de CPG n’est qu’un outil; la vraie stratégie est un « écosystème de liquidités » combinant CPG, comptes à intérêt élevé (HISA) et comptes enregistrés (CELI, REER).
- L’optimisation fiscale et la pleine compréhension de la protection SADC sont aussi cruciales que le taux de rendement affiché pour préserver votre capital.
Recommandation : Cessez de laisser dormir votre argent dans un compte courant. Gérez-le activement entre différents comptes sécurisés pour générer un revenu stable et protégé de l’inflation, sans jamais toucher à la bourse.
En tant que conseiller financier, je rencontre de nombreux retraités québécois prudents qui se sentent pris dans un étau. Pendant des années, les taux d’intérêt faméliques ont érodé la valeur de leur épargne. Aujourd’hui, la hausse rapide des taux semble être une bonne nouvelle, mais elle s’accompagne d’un sentiment de confusion et de paralysie. Faut-il bloquer son argent dans un Certificat de Placement Garanti (CPG) pour 5 ans ? Faut-il tout laisser dans son compte-chèques par peur de faire le mauvais choix ? La plupart des conseils s’arrêtent à l’idée de bâtir une « échelle de CPG », une stratégie valable mais souvent présentée de manière trop simpliste.
La réalité, c’est que la solution ne se trouve pas dans un seul produit, mais dans une approche globale. Pour un retraité qui ne veut prendre aucun risque boursier mais qui craint, avec raison, l’impact de l’inflation sur son pouvoir d’achat, la clé est de concevoir un véritable écosystème de liquidités. C’est une façon de penser où votre argent n’est jamais vraiment « bloqué », mais plutôt placé stratégiquement dans différents véhicules sécurisés – CPG, compte d’épargne à intérêt élevé (HISA), CELI – qui travaillent ensemble. L’objectif n’est pas seulement de courir après le meilleur taux, mais de créer un système qui vous offre à la fois du rendement, de la flexibilité et une tranquillité d’esprit absolue.
Cet article va donc au-delà de la simple échelle de CPG. Nous allons décortiquer, étape par étape, comment vous pouvez, en tant que retraité prudent au Québec, reprendre le contrôle de votre épargne. Nous verrons comment transformer la hausse des taux en un avantage tangible pour vos revenus, comment vous assurer que chaque dollar est protégé et comment minimiser l’impact de l’impôt sur vos gains. C’est une approche structurée pour bâtir une forteresse financière personnelle, pierre par pierre.
Pour vous guider, cet article est structuré pour répondre à toutes les questions que vous vous posez, des concepts de base aux stratégies d’optimisation plus fines. Vous y trouverez une feuille de route claire pour naviguer dans l’environnement financier actuel en toute confiance.
Sommaire : Bâtir votre stratégie de revenus de retraite avec les CPG et placements garantis
- Pourquoi la Banque du Canada augmente-t-elle les taux et comment cela touche votre portefeuille ?
- Compte épargne à intérêt élevé (HISA) : pourquoi changer de banque en ligne peut doubler votre rendement sans risque ?
- Compte courant ou CPG encaissable : où parquer votre argent dormant sans bloquer l’accès ?
- Liquidité vs Rendement : quel écart de taux justifie de bloquer votre argent pour 1 an ?
- Taux garanti ou lié au marché : le potentiel de gain vaut-il le risque de rendement nul sur 5 ans ?
- SADC : est-ce que vos économies sont couvertes si vous avez plus de 100 000 $ dans la même institution ?
- L’erreur de laisser trop d’intérêts s’accumuler dans un compte imposable (taux marginal élevé)
- Quand utiliser un compte épargne entreprise pour faire fructifier les liquidités de votre société ?
Pourquoi la Banque du Canada augmente-t-elle les taux et comment cela touche votre portefeuille ?
Pour bien comprendre l’opportunité qui se présente à vous, il faut d’abord saisir le contexte. Si vous avez l’impression que les placements garantis n’ont jamais été aussi intéressants depuis des années, vous avez raison. La raison principale est la politique monétaire de la Banque du Canada. Face à une inflation élevée, la banque centrale a augmenté son taux directeur à plusieurs reprises. Ce taux est en quelque sorte le « coût de l’argent » pour les banques commerciales. Quand il monte, les banques paient plus cher pour se financer, et répercutent cette hausse sur les prêts qu’elles accordent (comme les hypothèques), mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse, sur la rémunération qu’elles offrent aux épargnants.
Pour un retraité, cette situation change complètement la donne. Alors qu’il y a quelques années, laisser son argent dans un CPG rapportait à peine de quoi couvrir les frais bancaires, aujourd’hui, les rendements sont devenus significatifs. Comme le souligne Gabriel Lalonde, président de Groupe Financier MDL, dans une analyse pour Les Affaires :
Les CPG constituent désormais un investissement plus attrayant pour les retraités et ceux qui approchent de la retraite.
– Gabriel Lalonde, Président de Groupe Financier MDL – Les Affaires
Cette attractivité est quantifiable. En l’espace de quelques années, les taux des CPG sont passés de 0,6% à plus de 4%, selon les données des institutions financières canadiennes. Pour un capital de 100 000 $, cela représente une différence de plus de 3 400 $ de revenus d’intérêts par an. C’est un gain substantiel qui ne peut être ignoré, surtout quand il est obtenu sans aucun risque pour le capital. Cette hausse n’est donc pas un phénomène passager, mais un changement de paradigme qui redonne aux placements prudents une place centrale dans la planification de la retraite.
Compte épargne à intérêt élevé (HISA) : pourquoi changer de banque en ligne peut doubler votre rendement sans risque ?
Le premier pilier de votre écosystème de liquidités est le plus simple et le plus flexible : le Compte d’Épargne à Intérêt Élevé, ou HISA (High-Interest Savings Account). C’est le point de départ idéal pour l’argent dont vous pourriez avoir besoin à court terme, comme votre fonds d’urgence ou les liquidités pour vos dépenses des prochains mois. L’erreur que je vois le plus souvent est de se contenter du taux offert par sa grande banque traditionnelle, par habitude ou par crainte de la complexité. C’est une erreur qui coûte cher.
Les banques en ligne ou « virtuelles » ont des structures de coûts bien plus légères (pas de succursales physiques, moins de personnel). Elles peuvent donc se permettre d’offrir des taux de rendement nettement supérieurs. En effet, les banques en ligne canadiennes offrent des taux jusqu’à 2 fois supérieurs à ceux des grandes banques traditionnelles pour des produits HISA identiques et tout aussi sécuritaires. Passer de 2% à 4% sur une somme de 50 000 $, c’est 1 000 $ d’intérêts supplémentaires par an, sans prendre un gramme de risque en plus. Votre argent est accessible en tout temps et, comme nous le verrons, il est tout aussi bien protégé.
Changer pour une de ces institutions peut sembler intimidant, mais le processus est aujourd’hui très simple et se fait entièrement en ligne. Il s’agit d’un petit effort pour un gain récurrent et non négligeable. Considérez-le comme le premier geste actif pour optimiser votre écosystème de liquidités.
Votre plan d’action pour optimiser votre HISA
- Comparer et choisir : Identifiez les 2-3 banques en ligne (ex: EQ Bank, Tangerine) offrant les meilleurs taux HISA et vérifiez leur adhésion à la SADC.
- Ouvrir le compte : Complétez l’ouverture de votre nouveau compte en ligne, ce qui prend généralement moins de 20 minutes avec vos pièces d’identité à portée de main.
- Initier le transfert : Depuis l’interface de votre NOUVELLE banque, lancez un transfert de fonds électronique depuis votre ancien compte. Cette méthode est souvent sans frais.
- Vérifier et confirmer : Une fois que vous avez la confirmation que la totalité des fonds est bien arrivée dans le nouveau compte, contactez votre ancienne banque pour fermer le compte HISA devenu inutile.
- Automatiser : Mettez en place un virement automatique mensuel si vous souhaitez continuer à épargner, pour que votre argent travaille pour vous sans que vous ayez à y penser.
Compte courant ou CPG encaissable : où parquer votre argent dormant sans bloquer l’accès ?
Une fois votre HISA optimisé pour vos liquidités immédiates, une autre question se pose : que faire de l’argent qui « dort » dans votre compte-chèques ? C’est de l’argent que vous n’utilisez pas au quotidien, mais que vous souhaitez garder accessible « au cas où ». Le laisser dans un compte courant qui ne rapporte rien, c’est perdre de l’argent chaque jour à cause de l’inflation. C’est ici que le concept de « parcage actif » prend tout son sens. Il s’agit de choisir un stationnement rémunérateur, même pour une courte durée. Deux options se présentent : le HISA que nous venons de voir, et le CPG encaissable (ou rachetable).
Le CPG encaissable est un hybride intéressant. Il offre un taux d’intérêt garanti, souvent un peu plus bas que celui d’un CPG non rachetable, mais avec la possibilité de retirer vos fonds avant l’échéance. Cependant, cette flexibilité a des conditions. La plupart des CPG encaissables imposent une période de blocage initiale (souvent 30 à 90 jours) pendant laquelle vous ne pouvez pas toucher à votre argent. De plus, un retrait anticipé se traduit généralement par la perte des intérêts accumulés. Il est donc moins flexible qu’un HISA, où l’argent est disponible instantanément sans pénalité.
La décision entre un HISA et un CPG encaissable pour votre fonds de roulement personnel dépend donc de votre horizon de placement. Si vous pourriez avoir besoin de l’argent dans moins de 3 mois, le HISA est incontestablement le meilleur choix. Si vous êtes quasi certain de ne pas y toucher avant 6 mois ou un an, mais que vous voulez garder une porte de sortie, le CPG encaissable peut offrir un léger surplus de rendement. L’important est de ne pas laisser cet argent inactif.
Pour clarifier ce choix, ce tableau comparatif résume les caractéristiques clés de chaque option. Selon une analyse des produits d’épargne canadiens, les différences sont surtout liées aux conditions d’accès.
| Caractéristique | CPG Encaissable | HISA |
|---|---|---|
| Taux d’intérêt typique | 3,0-3,5% | 3,5-4,0% |
| Période de blocage initial | 30-90 jours | Aucune |
| Pénalité de retrait anticipé | Perte d’intérêts | Aucune |
| Montant minimum | 500-1000 $ | 0-25 $ |
| Délai de rachat | 1-5 jours ouvrables | Immédiat |
Liquidité vs Rendement : quel écart de taux justifie de bloquer votre argent pour 1 an ?
Nous arrivons maintenant au cœur de votre stratégie : l’arbitrage entre la liquidité et le rendement. C’est la décision d’accepter de bloquer une partie de votre argent pour une durée déterminée (typiquement 1 à 5 ans) en échange d’un taux d’intérêt supérieur. C’est le principe même du CPG non rachetable, la pierre angulaire de l’échelle de CPG. La question n’est pas « faut-il le faire ? », mais « quand est-ce que ça vaut la peine ? ». Un écart de 0,1% ne justifie pas de bloquer 50 000 $ pour un an. Un écart de 1% ? C’est là que l’analyse devient nécessaire.
L’échelle de CPG est une excellente méthode pour gérer cet arbitrage. Comme le résume bien Ratehub.ca dans son guide : « L’échelonnement consiste à investir dans plusieurs CPG avec différentes échéances et à réinvestir les gains à chaque terme. Cela vous permet de profiter de taux d’intérêt plus élevés tout en ayant un accès régulier à vos fonds ». Par exemple, avec 100 000 $, vous pourriez placer 20 000 $ dans un CPG de 1 an, 20 000 $ dans un de 2 ans, et ainsi de suite jusqu’à 5 ans. Ainsi, chaque année, une partie de votre capital redevient liquide, vous donnant la flexibilité de le réinvestir au meilleur taux du moment ou de l’utiliser pour vos besoins.
Pour décider si l’écart de taux est suffisant, il faut calculer le gain net additionnel. Il ne faut pas seulement regarder le taux brut, mais le rendement après impôt. Un point de pourcentage de plus sur un CPG bloqué un an par rapport à un HISA peut se traduire par plusieurs centaines de dollars de gain net, un montant qui justifie l’immobilisation des fonds pour un retraité cherchant à maximiser ses revenus sans risque.
Le tableau suivant illustre ce calcul pour un retraité québécois avec un capital de 100 000 $ et un taux marginal d’imposition hypothétique de 37%. Cette comparaison, inspirée d’une analyse de placements de la Sun Life, montre clairement le gain financier de l’arbitrage.
| Critère | CPG 1 an (5%) | HISA (4%) |
|---|---|---|
| Rendement brut sur 100 000 $ | 5 000 $ | 4 000 $ |
| Impôt (taux marginal 37%) | 1 850 $ | 1 480 $ |
| Rendement net après impôt | 3 150 $ | 2 520 $ |
| Gain net additionnel CPG | +630 $ | – |
| Liquidité | Bloquée 1 an | Accès immédiat |
Taux garanti ou lié au marché : le potentiel de gain vaut-il le risque de rendement nul sur 5 ans ?
Dans votre quête de rendement, vous tomberez inévitablement sur une offre alléchante : le CPG lié au marché (ou CPG boursier). Sa promesse est séduisante : la sécurité à 100% de votre capital, avec un rendement potentiel lié à la performance d’un indice boursier comme le S&P/TSX 60. Pour un retraité prudent, cela peut sembler le meilleur des deux mondes. Mon rôle de conseiller est de vous mettre en garde : le diable est dans les détails, et pour un profil comme le vôtre, le jeu n’en vaut souvent pas la chandelle.
Le principal problème de ces produits est que vous ne participez jamais pleinement à la hausse du marché. Le rendement est presque toujours soumis à un taux de participation plafonné (vous ne touchez que 50% ou 60% de la performance de l’indice, par exemple) et un rendement maximal absolu. De plus, le calcul du rendement exclut les dividendes, qui représentent une part importante de la performance totale d’un indice. Enfin, la méthode de calcul (souvent basée sur une moyenne de points mensuels) peut lisser, voire annuler, le rendement même dans un marché haussier.
Le risque n’est pas de perdre votre capital, mais de le voir bloqué pendant 3 ou 5 ans pour un rendement final de… zéro. Si l’indice boursier termine la période plus bas qu’à son départ, votre rendement est nul. Pendant ce temps, un CPG traditionnel à taux fixe de 4% ou 5% vous aurait garanti un gain certain et prévisible. L’expérience d’autres épargnants est souvent la meilleure leçon, comme en témoigne ce retraité sur le site Ratehub.ca :
Après 5 ans, mon CPG lié au S&P/TSX 60 n’a rapporté que 2% annualisé malgré une forte performance boursière. Les plafonds de participation et l’exclusion des dividendes ont considérablement réduit mon rendement par rapport à un investissement direct.
– Anonyme, via Ratehub.ca
Pour un retraité dont l’objectif est la prévisibilité et la sécurité du revenu, l’incertitude d’un CPG lié au marché est un risque inutile. Il vaut mieux opter pour un rendement garanti, même s’il semble moins spectaculaire, que de parier sur un gain hypothétique qui se matérialise rarement à la hauteur des attentes.
SADC : est-ce que vos économies sont couvertes si vous avez plus de 100 000 $ dans la même institution ?
Maintenant que vous jonglez avec différents comptes pour maximiser votre rendement, une question fondamentale émerge : votre argent est-il en sécurité ? La réponse est un oui retentissant, grâce à la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC). Cependant, il est crucial de bien comprendre comment cette protection fonctionne pour s’assurer que 100% de votre épargne est couverte, surtout si vous détenez plus de 100 000 $.
Le principe de base est simple : la SADC protège automatiquement vos dépôts admissibles jusqu’à 100 000 $ (capital et intérêts combinés) par déposant, par institution membre. Mais la nuance la plus importante se trouve dans le concept de « catégories de dépôt ». La SADC offre une protection distincte de 100 000 $ pour différentes catégories de comptes. Cela signifie que vous pouvez être protégé pour bien plus que 100 000 $ au sein d’une même banque. Les principales catégories sont :
- Les comptes détenus à votre nom (compte-chèques, HISA, CPG)
- Les comptes conjoints (chacun des cotitulaires est protégé jusqu’à 100 000 $)
- Votre compte d’épargne libre d’impôt (CELI)
- Votre régime enregistré d’épargne-retraite (REER)
- Votre fonds enregistré de revenu de retraite (FERR)

Ce schéma illustre qu’en structurant bien vos placements, vous pouvez avoir, par exemple, 100 000 $ dans un CPG personnel, 100 000 $ dans votre CELI et 100 000 $ dans un compte conjoint avec votre époux(se) dans la même banque, et la totalité des 300 000 $ sera couverte. Un exemple concret et récent, tel que rapporté par la SADC, est la fusion de HSBC Canada avec RBC en mars 2024. Pour éviter que les clients qui avaient des dépôts dans les deux banques ne perdent une partie de leur protection, la SADC a confirmé que les dépôts anciennement chez HSBC continueraient d’être protégés séparément pendant 2 ans. Cela démontre la robustesse du système pour protéger les épargnants.
Étude de cas : la protection SADC lors de la fusion HSBC-RBC
Suite à l’acquisition de la Banque HSBC Canada par la Banque Royale du Canada (RBC), la SADC a clarifié un point crucial pour les épargnants. Les dépôts détenus chez HSBC avant la fusion continuent de bénéficier d’une protection SADC distincte de ceux détenus chez RBC, et ce, pour une période de deux ans après la date de la fusion. Cela signifie qu’un client qui avait 100 000 $ chez HSBC et 100 000 $ chez RBC avant la transaction conserve une protection totale de 200 000 $ pendant cette période de transition. C’est une illustration parfaite de la manière dont la SADC s’adapte pour garantir la sécurité de l’épargne des Canadiens, même lors de consolidations bancaires majeures.
L’erreur de laisser trop d’intérêts s’accumuler dans un compte imposable (taux marginal élevé)
Générer plus d’intérêts grâce aux taux élevés est une excellente chose. Mais il y a un partenaire silencieux qui attend sa part : l’Agence du revenu du Canada. L’une des erreurs les plus coûteuses pour un retraité est de ne pas planifier l’impact fiscal de ses revenus de placement. C’est ce que j’appelle la « friction fiscale » : la part de votre rendement qui s’évapore en impôts, réduisant votre gain net réel.
Il faut comprendre une règle fondamentale au Canada : les revenus d’intérêts (provenant de HISA ou de CPG) détenus dans un compte non enregistré sont imposables à 100% à votre taux marginal d’imposition. C’est beaucoup moins avantageux que les gains en capital (imposés à 50%) ou les dividendes. Si votre taux marginal est de 37%, cela signifie que pour chaque 100 $ d’intérêts que vous gagnez, 37 $ partent directement en impôts. C’est pourquoi la structure de vos comptes est si importante.
La stratégie consiste à utiliser les comptes enregistrés comme des boucliers fiscaux. Le CELI (Compte d’épargne libre d’impôt) est votre meilleur ami : tous les intérêts que vous y gagnez sont 100% libres d’impôt, pour toujours. Il devrait être votre priorité pour y placer les CPG et HISA qui génèrent le plus d’intérêts. Le REER (Régime enregistré d’épargne-retraite) ou son successeur, le FERR, permet quant à lui de reporter l’impôt. Les revenus y croissent à l’abri de l’impôt jusqu’au moment du retrait. Voici quelques stratégies d’optimisation clés pour un retraité québécois :
- Maximiser le CELI en premier : Pour 2024, le droit de cotisation est de 7 000 $. Utilisez-le pour abriter vos placements à intérêt élevé.
- Utiliser le REER/FERR pour le report d’impôt : C’est un bon endroit pour les CPG à plus long terme, dont vous n’aurez pas besoin avant plusieurs années.
- Fractionner le revenu de pension : Si vous êtes en couple, le fractionnement du revenu de pension admissible peut permettre de réduire le taux marginal global du ménage.
- Surveiller le seuil de récupération de la SV : Des revenus de placement trop élevés dans des comptes non enregistrés peuvent entraîner la récupération de votre pension de la Sécurité de la vieillesse (le seuil était de 81 761 $ pour l’année de revenu 2022).
À retenir
- La hausse des taux est une opportunité majeure pour les retraités prudents, transformant les CPG et HISA en outils de revenu efficaces.
- La meilleure stratégie n’est pas un seul produit, mais un « écosystème de liquidités » qui équilibre rendement (CPG), flexibilité (HISA) et avantages fiscaux (CELI/REER).
- La sécurité est double : la protection du capital par la SADC, qui peut couvrir bien plus de 100 000$ si les comptes sont bien structurés, et la protection contre les « mauvaises surprises » en évitant les CPG liés au marché.
Quand utiliser un compte épargne entreprise pour faire fructifier les liquidités de votre société ?
Pour les retraités qui sont également propriétaires d’une petite entreprise ou d’une société de gestion, la même logique d’optimisation s’applique aux liquidités de l’entreprise. Laisser des sommes importantes dormir dans le compte-chèques de la compagnie est une occasion manquée, surtout avec les taux actuels. Le compte d’épargne entreprise et les CPG d’entreprise sont des outils puissants pour faire fructifier cet argent en toute sécurité.
La stratégie consiste à évaluer les besoins en fonds de roulement de l’entreprise (généralement 3 à 6 mois de dépenses d’exploitation) et à placer l’excédent. Un compte d’épargne à intérêt élevé pour entreprise offre une liquidité totale pour les surplus imprévus, tandis qu’une échelle de CPG d’entreprise (avec des échéances de 3 mois, 6 mois, 1 an) peut générer un rendement substantiel sur les liquidités dont vous êtes certain de ne pas avoir besoin à court terme.
L’aspect fiscal est différent de celui des particuliers. Au Québec, les revenus de placement passifs dans une société sont imposés à un taux élevé (autour de 50%). Cependant, une partie de cet impôt est remboursable à la société lors du versement de dividendes au propriétaire. Il s’agit d’un mécanisme complexe d’intégration fiscale, mais le résultat net est que faire travailler les liquidités de l’entreprise est presque toujours plus avantageux que de les laisser inactives. De plus, soyez sans crainte, les CPG détenus par une société sont également protégés par la SADC jusqu’à 100 000 $.
Étude de cas : PME québécoise optimisant ses liquidités excédentaires
Une petite entreprise de services au Québec dispose de 500 000 $ de liquidités excédentaires après avoir mis de côté son fonds de roulement. Au lieu de tout laisser dans son compte-chèques, elle met en place une stratégie simple : elle place 300 000 $ dans une échelle de CPG d’entreprise (100 000 $ sur 3 mois, 100 000 $ sur 6 mois, et 100 000 $ sur 1 an) et garde 200 000 $ dans un compte d’épargne entreprise à intérêt élevé. Cette approche simple peut générer environ 12 000 $ d’intérêts annuels, un revenu passif qui serait autrement perdu. Une partie de l’impôt payé sur ces intérêts sera récupérée par la société lors du versement de dividendes à son actionnaire retraité, optimisant ainsi la situation globale.
Questions fréquentes sur les CPG et placements garantis au Québec
Quel est le taux d’imposition sur les revenus passifs dans une société?
Au Québec, les revenus de placement passifs (comme les intérêts de CPG) dans une société par actions sont imposés à un taux élevé d’environ 50,2%. Cependant, une portion significative de cet impôt est remboursable à la société lorsqu’elle verse des dividendes à ses actionnaires, ce qui vise à intégrer l’imposition des particuliers et des sociétés.
Quelle portion des liquidités d’une entreprise peut être placée sans nuire aux opérations?
Une règle de base prudente consiste à conserver l’équivalent de 3 à 6 mois de dépenses d’exploitation en liquidités dans un compte facilement accessible (compte-chèques ou HISA). Tout excédent au-delà de ce montant peut être considéré pour des placements à terme comme des CPG, en fonction des projets futurs de l’entreprise.
Les CPG d’entreprise sont-ils protégés par la SADC?
Oui, absolument. La protection de la SADC s’applique aussi aux entreprises, sociétés de personnes et autres organisations. Les dépôts admissibles détenus dans un compte d’entreprise sont protégés jusqu’à 100 000 $ par institution membre, dans la catégorie des dépôts à un nom.