
Contrairement à la croyance populaire, un rendement de portefeuille positif ne signifie pas nécessairement un gain réel pour l’investisseur québécois.
- Votre pouvoir d’achat diminue si votre rendement est inférieur au taux d’inflation.
- Le rendement personnel (TRI) est souvent différent du rendement affiché par un fonds, surtout si vous effectuez des cotisations régulières.
- Comparer un portefeuille diversifié à un indice boursier comme le S&P 500 est une erreur fondamentale d’analyse.
Recommandation : Adoptez une vision critique et holistique en analysant votre rendement net d’inflation, en calculant votre TRI personnel et en évaluant la performance par rapport à un indice de référence pertinent pour votre propre profil de risque.
Chaque année, la même conversation revient lors des réunions de famille. Votre beau-frère annonce fièrement que son portefeuille a généré un rendement de 15 % en suivant simplement la bourse américaine. De votre côté, votre relevé indique un plus modeste 7 %. La comparaison semble cruelle et vous amène à questionner vos choix et même la compétence de votre gestionnaire. Cette frustration, partagée par de nombreux investisseurs, repose sur une mécompréhension fondamentale de ce qu’est une « bonne » performance.
La plupart des discussions sur le rendement s’arrêtent au chiffre brut, le rendement absolu. Pourtant, ce chiffre, isolé de son contexte, est souvent trompeur. La véritable mesure de la performance ne réside pas dans ce seul pourcentage, mais dans une analyse plus profonde qui tient compte des forces invisibles qui le façonnent. Ces forces incluent l’érosion du pouvoir d’achat due à l’inflation, le moment précis de vos investissements, la composition réelle de votre portefeuille et les frais qui grugent votre capital à long terme.
Mais si la véritable clé n’était pas de chercher à tout prix à « battre » le S&P 500, mais plutôt de comprendre si votre portefeuille atteint ses objectifs, respecte votre tolérance au risque et, surtout, vous enrichit réellement après inflation et frais ? Cet article a pour but de dépasser la simple lecture des pourcentages. Nous allons décortiquer les concepts de rendement réel, de taux de rendement interne (TRI) et de comparaison juste, pour vous outiller à évaluer la performance de vos placements avec la rigueur d’un gestionnaire de fonds.
Pour vous guider dans cette analyse, nous explorerons les mécanismes qui définissent la véritable performance de vos placements. Ce parcours vous permettra de poser un diagnostic éclairé sur votre portefeuille et de prendre des décisions plus sereines pour l’avenir.
Sommaire : Décoder la performance réelle de vos placements au Québec
- Pourquoi un rendement de 4% est-il une perte de pouvoir d’achat quand l’inflation est à 5% ?
- Taux de rendement interne (TRI) : comment calculer votre performance réelle si vous ajoutez de l’argent chaque mois ?
- S&P 500 vs Portefeuille équilibré : pourquoi est-il injuste de comparer vos placements diversifiés à la bourse américaine ?
- L’erreur de vendre un fonds qui a mal performé l’an dernier pour acheter le gagnant de l’année (Buy high, sell low)
- Quand les frais de gestion de 2,5% détruisent-ils toute chance de battre le marché à long terme ?
- Pourquoi la Banque du Canada augmente-t-elle les taux et comment cela touche votre portefeuille ?
- Acheter le marché (FNB) ou choisir ses titres : quelle stratégie demande le moins de temps ?
- Rééquilibrage annuel : comment vendre haut et acheter bas pour maintenir votre profil de risque ?
Pourquoi un rendement de 4% est-il une perte de pouvoir d’achat quand l’inflation est à 5% ?
Le concept le plus fondamental, et pourtant le plus souvent ignoré par les investisseurs, est celui du rendement réel. Il s’agit de votre rendement nominal (le chiffre affiché sur votre relevé) ajusté pour tenir compte de l’inflation. La formule est simple : Rendement Réel ≈ Rendement Nominal – Taux d’Inflation. Dans le scénario où votre portefeuille génère 4 % mais que le coût de la vie augmente de 5 %, votre rendement réel est de -1 %. Concrètement, bien que la valeur de votre compte en dollars ait augmenté, votre capacité à acheter des biens et des services avec cet argent a diminué.
Cette distinction est cruciale. L’objectif premier de l’investissement n’est pas simplement de voir les chiffres monter, mais de préserver et d’accroître son pouvoir d’achat au fil du temps. Un placement qui ne bat pas l’inflation est, en termes économiques, un placement perdant. Il ne suffit pas d’obtenir un rendement positif ; il faut obtenir un rendement qui surpasse l’augmentation du coût de la vie pour s’enrichir véritablement.
Au Québec, la situation est dynamique. Par exemple, bien que l’inflation ait atteint des sommets récemment, les dernières données montrent un ralentissement. Selon les chiffres publiés par l’Institut de la statistique du Québec, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,3 % sur une base annuelle en mai 2024. Dans ce contexte, un rendement de 4 % représenterait un gain de pouvoir d’achat de 1,7 %. Cela démontre l’importance de toujours contextualiser sa performance par rapport à l’environnement économique actuel et local, plutôt que de se fier à des règles empiriques.
L’analyse du rendement réel est la première étape pour passer d’une vision simpliste à une évaluation stratégique de vos investissements. Elle force à se poser la bonne question : mon argent travaille-t-il plus vite que l’érosion monétaire ?
Taux de rendement interne (TRI) : comment calculer votre performance réelle si vous ajoutez de l’argent chaque mois ?
La deuxième source de confusion majeure est la différence entre le rendement d’un fonds et votre rendement personnel. Si vous n’ajoutez ou ne retirez jamais d’argent, les deux chiffres seront identiques. Cependant, la majorité des investisseurs, notamment ceux qui cotisent à un REER ou un CELI, ajoutent des fonds régulièrement. C’est ici qu’intervient le Taux de Rendement Interne (TRI), ou XIRR en anglais, la seule mesure qui calcule votre performance réelle en tenant compte du calendrier et du montant de vos flux monétaires.
Imaginez un fonds qui affiche un rendement de 10 % sur l’année. Si vous avez investi 1 000 $ le 1er janvier, vous aurez bien 1 100 $ au 31 décembre. Mais si vous avez investi 500 $ en janvier et 500 $ en décembre, le deuxième versement n’a eu que quelques jours pour travailler. Votre rendement personnel sera donc bien inférieur à 10 %, même si le fonds a bel et bien performé à ce niveau. Le TRI prend en compte cette pondération temporelle.
Pour illustrer, considérons le cas d’un investisseur québécois qui verse 500 $ par mois dans son REER. Même si le fonds commun de placement affiche un rendement annuel de 8,5 %, son TRI personnel pourrait n’être que de 7,7 %. Cet écart s’explique par le fait que les cotisations de fin d’année ont eu moins de temps pour générer des gains. Des outils comme la fonction TRI.PAIEMENTS dans Microsoft Excel permettent de calculer ce chiffre avec précision en entrant simplement les dates et les montants de chaque cotisation et la valeur finale du portefeuille.

Comprendre votre TRI est libérateur. Cela vous permet de juger la performance de vos propres décisions de placement (quand et combien investir) et non seulement la performance brute du véhicule financier. C’est la différence entre être un passager qui regarde le compteur de vitesse et être le pilote qui analyse son temps au tour.
S&P 500 vs Portefeuille équilibré : pourquoi est-il injuste de comparer vos placements diversifiés à la bourse américaine ?
La comparaison avec le S&P 500 est le piège le plus courant. Cet indice représente 500 des plus grandes entreprises américaines. C’est un panier 100 % actions, non diversifié géographiquement (du point de vue canadien) et exposé entièrement aux fluctuations du dollar américain. Le comparer à un portefeuille équilibré typique (par exemple, 60 % actions, 40 % obligations, avec une exposition internationale) revient à comparer la performance d’une voiture de Formule 1 à celle d’un VUS familial et de se plaindre que le VUS n’est pas aussi rapide sur un circuit.
L’objectif d’un portefeuille équilibré n’est pas de maximiser le gain à tout prix, mais d’optimiser le rendement ajusté pour le risque. Les obligations et les autres catégories d’actifs sont là pour amortir les chocs lors des marchés baissiers. En 2021, une année faste, le S&P 500 a grimpé de près de 28 %, tandis qu’un FNB équilibré canadien comme VGRO a fait environ 15 %. Le beau-frère triomphe. Mais en 2022, une année difficile, le S&P 500 a chuté de plus de 18 %. Pendant ce temps, comme le démontre l’analyse des FNB canadiens, le FNB équilibré VGRO n’a perdu que 11,19 %, préservant beaucoup mieux le capital.
Cette asymétrie est la clé. Un portefeuille diversifié sacrifie une partie du potentiel de hausse pour se protéger contre les fortes baisses. C’est un choix délibéré de profil de risque. Le tableau suivant met en lumière les différences fondamentales entre ces deux approches.
| Critère | S&P 500 (non couvert) | VGRO (80/20) | XGRO (80/20) |
|---|---|---|---|
| Rendement 2021 | 27,6% | 14,90% | 15,17% |
| Rendement 2022 | -18,1% | -11,19% | -11,0% |
| Volatilité | Élevée | Moyenne | Moyenne |
| Impact taux de change CAD/USD | Direct | Partiel (34% US) | Partiel (36% US) |
| Diversification | 500 actions US | 13 625 actions + 18 066 obligations | 13 573 actions + 17 492 obligations |
Le bon indice de référence pour votre portefeuille n’est pas l’indice le plus performant du moment, mais un indice (ou un mélange d’indices) qui reflète votre allocation d’actifs cible. Si vous avez un portefeuille 60/40, vous devriez le comparer à un indice composite 60/40, pas au S&P 500.
L’erreur de vendre un fonds qui a mal performé l’an dernier pour acheter le gagnant de l’année (Buy high, sell low)
L’un des biais comportementaux les plus destructeurs pour un investisseur est la poursuite de la performance passée. Cette erreur consiste à vendre un actif qui a sous-performé récemment pour acheter l’actif « vedette » du moment. C’est l’incarnation même du dicton « acheter au sommet, vendre au creux » (buy high, sell low). Ce comportement est souvent alimenté par la comparaison injuste que nous venons de décrire et un manque de compréhension du concept de réversion à la moyenne.
La réversion à la moyenne est un phénomène statistique selon lequel les rendements et les valorisations des actifs tendent à revenir vers leur moyenne à long terme. Un secteur ou un titre qui a connu une performance stratosphérique a de fortes chances de sous-performer dans le futur, et inversement. Chasser le gagnant de l’année dernière, c’est parier que la foudre frappera deux fois au même endroit, ce qui est statistiquement peu probable en finance.

Un exemple local et frappant est le contraste entre l’action de Shopify et les banques canadiennes entre 2021 et 2023. Comme le rapporte Radio-Canada, Shopify était la coqueluche du TSX en 2021, attirant les investisseurs en quête de gains rapides. Plusieurs ont vendu leurs positions « ennuyantes » dans des piliers comme RBC ou TD pour se ruer sur le titre technologique au sommet de sa valorisation. Le résultat a été catastrophique : l’action Shopify a ensuite chuté de plus de 75 %, tandis que les banques, bien que moins spectaculaires, ont démontré leur résilience et continué de verser des dividendes stables. Ceux qui ont chassé la performance ont subi des pertes massives, tandis que ceux qui ont maintenu une stratégie diversifiée ont mieux résisté.
La discipline de s’en tenir à son allocation d’actifs stratégique, même lorsqu’une partie de votre portefeuille sous-performe temporairement, est l’une des qualités les plus rentables à long terme. La performance doit être évaluée sur un cycle de marché complet (généralement 5 à 10 ans), pas sur une seule année.
Quand les frais de gestion de 2,5% détruisent-ils toute chance de battre le marché à long terme ?
Après l’inflation, les frais de gestion sont la deuxième force la plus destructrice pour le rendement à long terme d’un investisseur. Un Frais de Gestion de Rendement (FGR) de 2,5 % par année peut sembler anodin, mais son effet composé sur des décennies est dévastateur. C’est une course où, chaque année, vous partez avec un handicap de 2,5 % par rapport au marché.
Imaginez un marché qui rapporte en moyenne 7 % par an. Avec un fonds à 2,5 % de frais, votre rendement net n’est que de 4,5 %. La différence de 2,5 points de pourcentage ne semble pas énorme, mais sur 30 ans, elle représente une part colossale de votre patrimoine potentiel. Des calculs simples de rendement composé montrent que cet écart peut amputer plus de 40 % de votre capital final par rapport à une solution à faible coût (comme un FNB avec des frais de 0,20 %). C’est de l’argent qui va dans les poches du gestionnaire plutôt que dans les vôtres.
Il est statistiquement très difficile, voire quasi impossible, pour un gestionnaire de fonds de surperformer le marché de 2,5 % de manière constante, année après année, juste pour couvrir ses frais et vous livrer le rendement de l’indice. En choisissant un produit à frais élevés, vous pariez contre les probabilités. Vous devez non seulement espérer que votre gestionnaire batte le marché, mais qu’il le batte par une marge suffisante pour justifier ses propres émoluments.
Au Canada, et particulièrement au Québec, de nombreux investisseurs détiennent encore des fonds communs de placement de série A avec des frais supérieurs à 2 %, souvent sans en comprendre l’impact. Questionner activement le niveau de frais de vos produits et explorer des alternatives moins coûteuses comme les FNB ou les fonds de série F (pour les clients avec un conseiller à honoraires) est l’une des optimisations les plus rentables que vous puissiez faire.
Pourquoi la Banque du Canada augmente-t-elle les taux et comment cela touche votre portefeuille ?
La politique monétaire de la Banque du Canada, notamment ses décisions sur le taux directeur, a un impact direct et profond sur la performance de vos placements, en particulier sur la portion obligataire. Lorsque la Banque du Canada augmente les taux, son objectif principal est de freiner l’inflation en rendant le crédit plus cher, ce qui ralentit la demande dans l’économie. Pour les investisseurs, cet environnement a des conséquences multiples.
L’effet le plus direct concerne les obligations. Il existe une relation inverse, comme une balançoire, entre les taux d’intérêt et la valeur des obligations existantes. Lorsque les taux montent, de nouvelles obligations sont émises avec des coupons plus élevés. Par conséquent, les obligations plus anciennes avec des coupons plus faibles deviennent moins attrayantes et leur valeur sur le marché secondaire diminue. C’est pourquoi, lors de la phase de hausse rapide des taux en 2022-2023, de nombreux détenteurs d’obligations ont vu la valeur de leurs placements « sûrs » chuter.
Un excellent exemple est l’impact de la politique de la Banque du Canada sur les fonds d’obligations. Comme l’ont analysé des économistes, notamment à la Chaire en macroéconomie de l’ESG UQAM, le FNB d’obligations canadiennes iShares Core Canadian Universe Bond (XBB) a subi une performance négative significative en 2022. Les investisseurs qui pensaient détenir un actif stable ont découvert qu’il pouvait perdre du capital, illustrant parfaitement cet effet de balançoire. Inversement, certains secteurs d’actions, comme les banques, peuvent bénéficier des hausses de taux car elles augmentent leurs marges d’intérêt nettes.
Comprendre ce mécanisme est vital pour ne pas paniquer et pour ajuster stratégiquement son portefeuille en période de resserrement monétaire. Il est possible de mitiger les risques en prenant des mesures ciblées.
Plan d’action : protéger son portefeuille en période de hausse des taux
- Réduire la duration de vos obligations en privilégiant les titres à échéances courtes, moins sensibles aux variations de taux.
- Considérer les obligations à taux variable, dont le rendement s’ajuste automatiquement aux nouveaux taux directeurs.
- Augmenter l’exposition aux actions bancaires canadiennes, qui profitent historiquement de l’élargissement de leurs marges de profit.
- Évaluer l’impact sur votre prêt hypothécaire à taux variable et anticiper les conditions de renouvellement de vos prêts.
- Vérifier que votre allocation en actions et obligations correspond toujours à votre profil de risque après les fluctuations du marché.
Acheter le marché (FNB) ou choisir ses titres : quelle stratégie demande le moins de temps ?
Le débat entre la gestion passive (acheter des fonds négociés en bourse qui répliquent un indice) et la gestion active (choisir soi-même ses actions et obligations) est souvent centré sur la performance. Pourtant, un critère tout aussi important est le coût d’opportunité temporel. Le temps est une ressource non renouvelable, et la différence d’implication entre les deux stratégies est abyssale.
La gestion passive avec des FNB d’allocation d’actifs (comme VGRO, XGRO, ou VEQT) est conçue pour être une solution « clé en main ». Une fois l’investissement initial réalisé, la gestion se résume à des cotisations régulières et potentiellement à un rééquilibrage annuel. Le temps total requis est minime. À l’opposé, la sélection active de titres est un véritable travail à temps partiel. Elle exige une recherche approfondie pour chaque entreprise, une lecture constante des nouvelles financières, l’analyse des rapports trimestriels, et une surveillance permanente du portefeuille.
Les chiffres sont éloquents. Des plateformes d’analyse pour investisseurs estiment que la différence de temps requise peut être de 2 à 5 heures par an pour la gestion passive, contre 5 à 10 heures par semaine (soit 260 à 520 heures par an) pour une gestion active sérieuse. Pour un investisseur moyen, ce temps pourrait être consacré à sa carrière, sa famille, ou ses loisirs. Il est donc essentiel de se demander si le rendement supplémentaire potentiel de la gestion active (un potentiel qui, statistiquement, se matérialise pour moins de 20 % des investisseurs sur 10 ans) justifie un tel investissement en temps.
Le choix ne se résume pas à « quelle stratégie est la meilleure ? », mais plutôt à « quelle stratégie est la meilleure pour moi, compte tenu de mon temps, de mes connaissances et de mon tempérament ? ». Pour une grande majorité d’investisseurs, la simplicité, les faibles coûts et l’efficacité temporelle de l’approche passive en font une solution beaucoup plus réaliste et, au final, souvent plus rentable une fois le coût d’opportunité du temps pris en compte.
À retenir
- Le rendement réel, calculé en soustrayant l’inflation du rendement nominal, est le seul véritable indicateur de l’enrichissement.
- Votre rendement personnel (le TRI) est la mesure la plus juste de votre performance si vous effectuez des dépôts ou retraits, car il tient compte du facteur temps.
- Comparer un portefeuille équilibré à un indice 100% actions comme le S&P 500 est une erreur qui mène à des décisions de placement irrationnelles.
Rééquilibrage annuel : comment vendre haut et acheter bas pour maintenir votre profil de risque ?
Le rééquilibrage est l’une des rares disciplines qui permet de manière systématique de « vendre haut et acheter bas ». Il s’agit du processus de ramener son portefeuille à son allocation d’actifs cible initiale (par exemple, 60 % actions, 40 % obligations) après que les fluctuations du marché l’aient fait dériver. C’est un acte de discipline structurelle contre-intuitif mais fondamental pour la gestion du risque à long terme.
Imaginons qu’après une forte année boursière, votre portefeuille 60/40 soit devenu un 70/30. Les actions, ayant surperformé, représentent maintenant une part plus grande de votre portefeuille, vous exposant à un risque plus élevé que celui que vous aviez initialement choisi. Le rééquilibrage consiste à vendre une partie des actions (qui sont « hautes ») pour acheter des obligations (qui sont « basses ») afin de revenir à la cible 60/40. Vous cristallisez ainsi des gains sur la classe d’actifs surperformante et renforcez votre position dans la classe sous-performante, la préparant pour une éventuelle réversion à la moyenne.
Par exemple, un investisseur québécois avec 100 000 $ en 60/40 voit son portefeuille atteindre 120 000 $, mais réparti en 84 000 $ d’actions (70 %) et 36 000 $ d’obligations (30 %). Pour revenir à une cible 60/40 sur 120 000 $, il doit avoir 72 000 $ en actions et 48 000 $ en obligations. L’opération de rééquilibrage consiste donc à vendre 12 000 $ d’actions et à acheter 12 000 $ d’obligations. Au Canada, cette opération peut être optimisée fiscalement en la réalisant prioritairement dans les comptes enregistrés comme le CELI (où il n’y a pas d’impôt sur le gain en capital) ou en utilisant de nouvelles cotisations dans le REER pour acheter la classe d’actifs sous-pondérée.
Le rééquilibrage n’est pas une tentative de prédire le marché. C’est une stratégie de contrôle du risque. En vous forçant à vendre ce qui a bien marché et à acheter ce qui a pris du retard, il vous impose une discipline qui va à l’encontre de l’émotion humaine de vouloir tout miser sur le gagnant. C’est l’un des piliers d’une saine gestion de portefeuille, garantissant que votre niveau de risque reste constant et aligné avec vos objectifs à long terme.
En définitive, l’évaluation de la performance d’un portefeuille est un exercice de nuance qui va bien au-delà du chiffre unique présenté lors d’une conversation. Pour mettre en pratique ces conseils, l’étape suivante consiste à obtenir une analyse personnalisée de votre situation, armé de ces nouvelles questions critiques pour votre conseiller.
Questions fréquentes sur la mesure de rendement de portefeuille
Quel est le RFG de mes fonds actuels et existe-t-il des versions moins chères?
Pour connaître le Ratio de Frais de Gestion (RFG) de vos fonds, consultez le document « Aperçu du fonds » ou le prospectus. Les fonds de série F ont typiquement des RFG environ 1 % moins élevés que les fonds de série A, mais sont conçus pour les investisseurs travaillant avec un conseiller rémunéré à honoraires plutôt qu’à commissions.
Comment les frais impactent-ils mon capital après 30 ans?
L’impact est colossal en raison des rendements composés. Sur une période de 30 ans, la différence de frais entre un FNB à 0,20 % et un fonds commun à 2,5 % peut réduire votre capital final potentiel de plus de 40 %. C’est l’un des facteurs les plus importants pour la croissance à long terme.
Quelle est la rémunération de mon conseiller sur ces produits?
Dans le modèle traditionnel des fonds de série A, le conseiller reçoit généralement une commission de suivi, souvent autour de 1 %, qui est prélevée à même le RFG de 2 % à 2,5 %. Cela peut créer un conflit d’intérêts potentiel, car le conseiller est incité à vendre des produits à frais plus élevés. Les modèles à honoraires ou à frais fixes alignent mieux les intérêts du conseiller avec ceux du client.